La nature morte passée au filtre de l’aquarelle de Raoul Dufy. Comme tous les artistes modernes, il a voulu s’attaquer aux genres traditionnels. Avec ses couleurs claires et décoratives débordant de son écriture noire dynamique, le peintre propose une Nature morte au homard qui pourrait être préparatoire à une Nature morte aux poissons et aux fruits de 1920-1927, où ce genre est associé à une vue maritime, au travers d’une fenêtre ouverte. Notre petit crustacé se détache de la composition bleu pastel avec son rouge éclatant, tandis que le panier de fruits, la cruche, le compotier, les coquillages ou encore les jumelles, des éléments récurrents chez l’artiste, se confondent avec la table, marquée par des hachures noires. À l’arrière-plan semble se dessiner la balustrade en fer forgé de la fenêtre… Nous sommes donc dans les années 1920, et Raoul Dufy élabore peu à peu une thématique et une technique qui lui seront propres. Ses aquarelles aux couleurs envahissantes et au dessin noir libre arriveront à maturité dans les années 1930. Le peintre a fait un long chemin depuis son Havre natal. À son arrivée à Paris en 1900, il partage un atelier avec son ami Othon Friesz, et bientôt, la leçon de Cézanne puis celle des fauves, Marquet et Braque, s’imposeront à lui pour un temps. Sa quête artistique, il la définit ainsi : «Parvenir à rendre, non pas ce que je vois, mais ce qu’est, ce qui existe pour moi, ma réalité.»


SAMEDI 8 OCTOBRE, COMPIÈGNE.
HÔTEL DES VENTES DE COMPIÈGNE OVV. M. CHANOIT.

Raoul Dufy (1877-1953), Nature morte au homard,
Aquarelle signée, 49 x 64 cm.
Estimation : 15 000/20 000 €

LA GAZETTE DROUOT N° 34 DU 7 OCTOBRE 2016