Torse d’athlète classique

Frais compris 14 980 €.
Torse masculin du type du Diadumène, marbre dans le goût de l’art grec classique, h. 55 cm, avec socle 67 cm.
Compiègne, samedi 7 février. Hôtel des ventes de Compiègne SVV.
Me Dominique Loizillon.

Cette étude picarde dispersait l’entier ameublement d’un appartement parisien appartenant au docteur X, situé à Paris, boulevard Malesherbes. L’art gréco-romain était porté au tableau d’honneur de la vacation. Une suite de trois vases dont l’un en forme de cratère, réalisés en céramique dans la Grèce antique, recueillait d’abord 6 000 €. Ils étaient toutefois largement distancés par ce superbe torse indiqué autour de 3 000 €. Juché sur un socle en fer, il fait référence à un original grec, la fameuse statue en bronze du Diadumène, ou «celui qui se couronne», qu’acheva vers 430 av. J.-C. le sculpteur Polyclète (actif entre 460 et 420 av. J.-C.). Formé à l’école des bronziers d’Argos, sa patrie d’adoption, il est surtout connu comme le créateur d’un «canon», c’est-à-dire d’une règle de proportionnalité dans le traitement du corps humain. Polyclète l’expérimente en élaborant des effigies d’athlètes comme le célèbre Doryphore, son chef-d’œuvre. De savants calculs y gouvernent l’anatomie tout entière. Cette démarche intellectuelle, fondamentale dans l’histoire de la statuaire grecque, cherche ainsi à idéaliser la beauté par des systèmes de nombres. Elle régit un modèle d’équilibre qui fera largement école. Dès l’époque romaine, les œuvres de Polyclète sont donc reproduites. Ainsi, ce torse fragmentaire appartient à une série de répliques dont l’une, qui figurait jadis à la collection Campana, est aujourd’hui conservée au musée du Louvre. Le marbre a préservé assez d’éléments pour que l’on perçoive un léger balancement du corps, si caractéristique de la manière du sculpteur. On observe ici que l’arc thoracique répond à celui formé par les aines. Quant à la largeur des pectoraux, elle correspond à la distance les séparant du nombril. Avec de tels avantages, il ne pouvait laisser indifférent les amateurs et un enchérisseur présent en salle l’enlevait au quadruple de ses attentes. Au final, une belle expression achevée de l’idéal classique. 
Gazette n°6 du 14 février 2015